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    B-Chapitre 1

     CHAPITRE 7

     

     

    "L'écriture c'est la vie,

    il y a tout dedans, le meilleur comme le pire."

    Max Monnehay 


    roman-INFINIMENT-chapitre 1
     roman-INFINIMENT-chapitre 1


     

    Août 2014.
     





    J'ai fait de superbes photos de Samuel et de son chiot. Je suis contente. Je n'arrête pas de les regarder. Je le trouve beau. Après la séance photo on est allés se promener dans le bois et pour première fois, on s 'est tenus par la main. C'était bon de marcher, sans parler, main dans la main, comme si on était deux amoureux communs, heureux d'être ensemble. Deux amoureux tout simplement. Ce fut un merveilleux après midi... juste lui et moi... la nature... sans penser à rien d'autre... juste nous...Samuel et moi  allons marcher deux ou trois fois par semaine. Nous avons trouvé ce motif pour nous voir. J'aimerais tellement que tout soit comme avant qu'il vienne à la maison, qu'il mange avec Alicia et moi... mais c'est impossible. Ils ne sont plus ensemble et rien ne justifie sa présence à la maison. Pierre ne comprendrait pas. Il est au courant des problèmes de Sam, ses phobies, ses crises d'angoisse. Je lui ai dit que je l'aidais comme je pouvais... il m'appelle ironiquement mère Thérésa... il ne m'empêche pas d'aller le voir. Je ne le lui cache pas non plus. Je lui parle de lui... comme de mon protégé... J'assiste pour la première fois à une des crises d'angoisse de Samuel. On est dans le bois et on s'est égarés sur un chemin qu'il ne reconnait pas. L'angoisse monte. Il ne parle plus. Il semble effrayé... il marche de plus en plus vite...  on arrive enfin sur une route. Je le rassure comme je peux. Il ne se calme que lorsqu'on arrive sur la grande nationale. Je comprends qu'il a vraiment un problème psychologique. Il n'y avait aucun danger que dans son imagination et je n'ai pu lui faire entendre raison. Il ne me connaissait plus muré dans son délire... dans sa phobie... dans son film. Le chemin allait disparaître, la forêt l'engloutir. Il y a des sms qui me rongent le coeur  "Tu m'aimes Sandy ?Alors sors moi de cet enfer !" et il y a des sms qui réchauffent le cœur "c'est énorme ce que tu fais pour moi... ptite Sandy je tiens énormément à toi <3 Je t'aime infiniment... "  La date de la rentrée approche. Tu as choisi de faire un bac pro en chaudronnerie. Ton choix m'étonne car tu aimes la nature, la forêt, le grand air. Tu vas te retrouver confiné dans un atelier avec un boulot bruyant, sale... dangereux... "J'ai fait le con, je dois passer un cap, avoir un diplôme... j'ai plus le choix Sandy..." Ca me fend le coeur... une vie c'est long alors autant avoir un métier qui plait... "l'agriculture c'est fini pour moi..." La vie nous rapproche... encore plus... un après-midi... dans sa chambre... Samuel tout contre moi, ses lèvres sur les miennes, nos bouches qui se mèlent, ses mains, timides encore, qui glissent sur mon corps.. monte en nous le désir, nos corps qui chavirent... sa peau contre ma peau je ferme les yeux et me laisse porter par des vagues de plaisir,  je m'enivre de ses soupirs, j 'aime ne faire qu'un avec lui, le sentir bouger en moi tout en me noyant dans ses yeux océan... ses mains sur mes seins, tout mon corps le réclame et on s'enflamme... j'aime le caresser, le sentir vibrer, j'aimerais le faire monter haut, plus haut que les étoiles, et au paradis avec lui faire escale, j'aimerais que le temps s'arrête... rester tendrement enlacés... mais si vite il se relève il s'éloigne je ne sais pas pourquoi soudain... J'ai si froid... J'essaie de me recadrer... et par la même occasion je  recadre Samuel !!! du coup je lui sape le moral... "C'est impossible même toi tu le dis mais tout ce que je peux te dire c'est que quoi qu'il se passe je serai là dans les épreuves les plus dures c'est à deux qu'on passera les épreuves..." Je l'énerve grave quand je pense négativement à nous... j'essaie de me raisonner, mais au fond  j'y arrive pas... J ai les larmes rien qu'en pensant à lui... C'est viscéral... putain comment m'en sortir ?  Je sais que rien n'effacera trente ans d'écart... rien dutout... c'est moi l'adulte, la raison... je sanglote sous la douche de désespoir...  je me noie dans mes larmes...  Faut que je trouve la force d'être l'amie la marraine...  que je raye tout le reste... toute cette passion qui me dévore... Rien... Y aura jamais rien... Merde au temps qui passe... Merde à la vie...Je me dis qu'il va bientôt aller au lycée,  voir des jeunes filles de son âge..; qu'il va réaliser que notre différence d'âge est ingérable et qu'il va disparaître... j 'imagine ses sms qui deviennent de moins en moins nombreux, rien que l'idée  qu'il s'éloigne de moi un jour prochain me donne envie de hurler de douleur. Je l'aime tellement. Il me semble désormais impossible de vivre sans lui. Comment reprendre ma vie d'avant ? sans lui ? ça me semble impossible.. vraiment.Il m'aime je le sais.  Je le sens. Je n'ai aucun doute. Chaque fois qu'on fait l'amour on touche le ciel...  on part dans les étoiles..; c'est merveilleux..; magique... Je ne veux pas le perdre. Je ne veux pas que ça s'arrête... Tout ce qu'il m'écrit... je lis et relis... j'ai toujours rêvé de vivre un amour fusionnel comme le nôtre... son amour me fait vivre un rêve éveillé.. on ne m'a jamais aimée autant... du moins... j'en suis persuadée...  "Mon objectif est de créer ma vie avec toi et de mourir avec toi c 'est tout. Est ce qu'on aura l'occasion de vivre ensemble ou près l'un de l'autre je l'espère mais tu es la maman dont j ai besoin, l'amour dont j'ai besoin,  la tendresse dont j'ai besoin. Je ne veux pas perdre cette complicité, on ne sait pas de quoi la vie est faite mais ce que j'essaie de te dire c'est que tu n'es pas une simple amie. Je te désire je t'admire je te veux c est un projet que j ai en tête. J'aimerais faire ma vie avec toi quoi que tu dises ou penses, c est pour moi quelque chose de sérieux. Je te gâterai jusqu'au bout. Je sais que ton âge te complexe, j'ai pensé à tout ça, je me refuse de dire que nous deux c'est éphémère, je ne veux pas l'entendre. Qui te dit que je ne suis pas tombé amoureux de toi malgré ton âge ? on ne peut rien y faire mais on peut apprendre à vivre avec... l'amour n'a pas d'âge..." Samuel réussit son code et  enchaîne avec les leçons de conduite. Il a dix huit ans, il va passer son permis. Il me répète que le fait d'avoir SA voiture l'aidera à affronter le lycée. Il veut pouvoir rentrer chez lui s'il se sent mal, au bord d'une crise d'angoisse, ou menacé. Les leçons de code ont lieu dans le village voisin. C'est une petite auto-école de village qui propose deux leçons trois fois par semaine de 17h à 19h... Ce fut un long chemin de croix pour lui et moi... que de réussir à aller à ces leçons de code. Pendant des semaines je garais la voiture à 16h52 à quelques pas du centre, et je coupais le moteur. "Allez vas y Samuel !" il gardait le silence, tête baissée, à regarder ses chaussures. "Vas y, je reste devant, je t'attends. Tu ne risques rien. Si t 'as un soucis tu n'as qu'à sortir, je serai là et on part. Vas-y ! fais moi confiance !" et l'heure passait... 17h... 17h01...02...03... je redémarrais sans un mot... on roulait où on rentrait à la maison et à 18h... même scénario... il n'y arrivait pas... et puis un jour le déclic... Samuel est descendu de la voiture, il  est entré dans la petite auto-école et il a continué... on avait gagné ! j'étais si heureuse... Les leçons de conduite se passaient super bien...mais il avait pris du retard et la rentrée approchait... et la date du permis était postérieure à celle de la rentrée... Samuel est aux petits soins pour moi et je suis au paradis... "Dans tes bras le temps s'arrête tu me fais rêver.  Tu es la passerelle qui mène au paradis, ouvre les yeux. Je tuerais pour sentir ton coeur battre comme la dernière fois, que tu me serres dans tes bras, que tu me rassures... Je suis fou de toi et ça me fait tellement mal d'avoir trente ans de moins, on aurait pu faire notre vie ensemble, se marier avoir des enfants. Je souffre autant que toi, je t'aime et je te jure que si tu me laisses une chance de faire ma vie auprès de toi je ne te décevrai pas. Tu es mon arc en ciel, le temps s'arrête quand je suis avec toi..."  Quand je suis avec Sam j'ai l'impression d'être comblée, entière. Qu'il ne me manque rien. Que je suis heureuse à cent pour cent. Quand je le regarde il est la perfection... j'aimerais tant croire à une vie avec lui... mais serait-ce l'aimer vraiment que de lui imposer de subir ma vieillesse, ma déchéance ? Gâcher ses plus belles années à me soigner, à me voir m'éteindre quand lui,  serait en pleine force de l'âge...Ca me ronge... tout ça me ronge de l'intérieur... De plus comment m'échapper du cocon familial, de cette prison dans laquelle je vis. Echapper à mon geôlier... qui me terrorise... si je partais... Pierre serait fou... Il  voit Sam à la maison, mais il ne dit mot. Je sais qu'il n'apprécie pas... mais il se tait... si je lui disais "je pars avec Sam" ... mon Dieu... et Lucas... Samuel n'a qu'une année de plus que lui... il ne l'apprécie déjà pas... il me tournerait le dos lui aussi... je perdrais mon fils... plus je retourne le problème dans tous les sens, plus je m'arrache les cheveux... au fond de moi je sais : il n'y a pas de solution. Hélas...Je suis tellement désespérée que je pose la question à une voyante qui répond par mail... Judith Fricot... "voyez vous un avenir possible avec Samuel ?" réponse "D'après vos chiffres pour l'instant cette relation devrait évoluer sous une bonne étoile. Des choix restent à faire, mais l'union et la chance font partis de votre tirage. Rien ne laisse présager dans celui-ci une rupture, je suis donc confiante sur l'évolution de votre relation. Il ne m'apparait pas tout à fait prêt pour de grands engagements, il faut donc aller doucement, ne pas brusquer les événements et tout devrait bien se passer."Le lundi matin est jour de grand ménage. Je fais les chambres des enfants à fond. Je commence toujours par celle d'Alicia. C'est Waterloo la chambre d'Alicia... je commence par réunir le linge sale qui traîne par terre, puis je ramasse les stylos, les papiers... les bonbons... j'ouvre le tiroir de table de nuit pour y fourrer tout ce bazar et là.. une boite... pillule du lendemain... je regarde la boite, j'hallucine... j ouvre le deuxième tiroir et une boite de préservatifs me saute à la figure... immédiatement je prends mon tel et j'envoie un texto à Enzo "vous l'avez fait !" une rage sourde monte en moi.J'ai demandé à Enzo d'attendre, comme je l'avais fait avec Samuel et il m'a trahi. Bon sang... et en plus la pillule du lendemain... je suis dans une rage. Je reçois "non". Ca me fout encore plus en colère. J'envoie le même texto à Laura... qui reste sans réponse. J'écris à Samuel. "Calme toi ! c'est la vie Sandy, c'est pas si grave... ça devait arriver ! mais quel salaud il aurait pu attendre. Quel fumier... " Quand Enzo se repointe à la maison je l'incendie. Je lui fais la tête plusieurs jours. Je ne parle plus à Alicia. Et puis je me dis... que je suis aussi conne que ma mère. Que c'est fait et que rien n'y changera rien... Je me dis encore que Samuel a fréquenté Alicia pendant une année et que lui ne m'a pas trahi... La passion nous emporte Samuel et moi....  Les journées se succèdent, toutes magnifiques.. Certaines plus que d'autres... quand le destin nous offre une heure pour nous aimer... rien que lui et moi, moi tout contre lui, l' enlacer, sentir sa peau tout contre sa peau. Tendres baisers, brûlantes caresses, se noyer sous des flots de tendresse, prier pour que jamais rien ne cesse. Blottie contre lui je ne veux rien d'autre que son amour et sa tendresse Ses mains glissent sur moi, sa bouche m'arrache tant de soupirs, désir, plaisir, se donner c est  si bon de s'aimer... "tu es ma plus belle histoire d'amour... "  "Dis moi qu'on aura encore des moments comme ça rien que nous deux. Je t'aime Sandy, tu m as fait fondre et rendu fou ce soir, je pense à toi mon amour. J ai jamais autant aimé, je ne peux pas me passer de toi, tu es plus qu'une simple histoire d'amour, j aimerais tellement faire ma vie avec toi, je t aime comme jamais ça n'a été permis, si seulement j'avais pu t'épouser...."  

     

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    B-Chapitre 1

     CHAPITRE 6

     

     

    Se trouver dans un trou, au fond d'un trou,
    dans une solitude quasi totale 
    et découvrir que seule l'écriture vous sauvera.

    Marguerite Duras


    roman-INFINIMENT-chapitre 1
     roman-INFINIMENT-chapitre 1


     

     

    mai 2014.
     
     
    Un an s'est écoulé depuis que Samuel est entré dans notre vie. Alicia me dit "on est sorti ensemble le 1er avril 2013 et on s'est séparé le 14 avril 2014... un an... et c'est fini. Il était tout pour moi... mon ange, mon coeur... mon premier amour... et c'est fini"... Je sens combien Alicia est déçue et peinée de cet échec. Et on dit bien que la magie du premier amour est d'ignorer qu'il peut finir un jour... Hélas souvent il se termine plus vite qu'on ne pense... 
     
    Alicia est assez "bordélique" et je range sa chambre quand elle est au collège. Aspirateur, poussière et essayer de trouver une place à chaque chose qui traîne sur le plancher. Je jette un coup d'oeil aux papiers que je ramasse pour essayer de ne pas jeter quelque chose auquel elle porterait de l'importance... et là... je tombe sur une feuille quadrillée, je commence à lire le texte écrit à l'encre noire "quand j'étais petite je détestais le sang. Aujourd'hui j'ai pris plaisir à le voir couler sur mon corps. Je me referme sur moi même, mais au fond j'espère que quelqu'un le remarque. Je suis faible, je tremble, je veux une seule chose ; mourir. Il y a une vie après la mort, alors pourquoi attendre ? j'aime me faire du mal. Me mutiler, me couper. Je promets aux gens et à moi même d'arrêter et ils me croient mais le problème c'est que je mens à tout le monde. Je continue, encore, encore, j'essaie de le cacher car je redoute la question "pourquoi tu te fais du mal ? c'est quoi ces marques sur ton bras ?" pourquoi ? je ne sais pas, le passé, le présent, le futur ? une raison bien précise que seule moi sais... y en a qui le font par amour, tristesse, haine... il peut y avoir énormément de raisons, après y en a qui le font juste pour se rendre intéressant... Ca commence par de simples traits, juste comme ça... et ils deviennent de plus en plus profonds, on devient facilement accro.. c'est comme l'anorexie ou la boulimie, ou plus simplement une dépression. même si souvent c'est elle qui nous a amené là... Avec le temps on apprend à soigner, à cacher, même si c'est pas facile. A s'arranger pour que personne ne remarque." 
    Ce mot me bouleverse... quelle souffrance... pourquoi ? Alicia m'a jurée de ne jamais recommencer. Nous avons eu une conversation sérieuse sur les scarifications. J'ai cherché des articles sur internet. Je sais que c'est un appel au secours. Je lui ai dit que j'étais là pour elle, que je serais toujours là. Que quand elle était mal elle devait me le dire, en parler, que j'étais sa maman et que je ne la jugerais pas je l'aiderais toujours quels que soient ses problèmes... je ne lui parle donc pas de ce papier... je le plie et le garde soigneusement dans ma table de nuit...
     
     
    Je fais donc la connaissance d'Enzo. C'est un beau garçon de dix sept ans comme Samuel... ils étaient amis... c'est avec lui que Samuel est parti à Bordeaux l'été dernier. Dès l'instant où Enzo a commencé à voir Alicia les deux ados ont coupé les ponts..
    Enzo est souriant, calme, très agréable. Il se prête à tous les  jeux d'Alicia des ateliers peintures aux bulles de savon. Il vient chaque fois qu'il a du temps libre, mercredi, samedi, dimanche et Alicia qui se sentait si seule avec Sam est ravi... "il lui ressemble tu sais maman, les mêmes expressions, on parle de lui en plus..." Enzo prend ses repères, s'installe chez nous... il est à l'aise..; tout le contraire de Sam... il se sert dans les buffets alors que Sam n'aurait jamais touché à quoi que ce soit... très vite il me tutoie. 
     
    Enzo est souriant et très bavard. On passe de bons moments. J'ai l'impression qu'il vit à la maison. Il est toujours là...  Alicia semble heureuse. C'est top. 
     
    De mon côté je continue de parler avec Samuel par facebook et par sms... je le soutiens comme je peux... il quitte son dernier apprentissage... à bout de nerfs...  Cette fois ses parents lui disent "l'apprentissage c'est fini pour toi". Ils ne lui parlent plus sauf pour lui lancer des piques. Il reste confiné dans sa chambre. Il ne retournera pas au lycee agricole non plus. Ses parents lui disent de se trouver quelque chose pour la rentrée. Au départ Samuel est complètement à plat. "je ne suis qu'un raté,   la honte de ma famille. Le seul qui pose problème, LE cas..." je le console comme je peux. Tout le monde a droit à l'erreur, il faut qu'il trouve sa voie. L'agriculture est un milieu trop difficile, trop rude pour lui. A la rentrée tout ira bien. "Profite de ces quelques mois pour prendre confiance en toi, réussir à soigner tes peurs, et tout ira bien après tu verras"... Je lui envoie de petites phrases genre "Souviens-toi que le jour se lève toujours après la nuit, que le printemps revient toujours après l'hiver, qu'après le froid vient la chaleur, que derrière chaque ombre il y a la lumière, que tout n'est que passage....profites des bons moments comme s'ils étaient les derniers, et ne perds jamais l'espoir lors des mauvais passages... "... 
     
    Le mois de mai passe et l'ambiance se calme chez Samuel.
     
    Samuel est de plus en plus proche de moi. On plaisante grave sur tout, on se provoque plus que jamais. J'ai compris qu'en fait, notre attirance était réciproque. Il joue avec moi. Et ses provocations sont du genre "moi je suis le roi du bisou" c'est gentillet et ça me fait rire... ça me fait rêver aussi. Je suis partagée. Je rêve à lui souvent et je me fais des films juste avant de me rappeler à l'ordre. C'est impossible que je plaise à un garçon de dix sept printemps. C'est impossible. 
    Et un jour je ne sais pas ce qui me prend je lui lance "eh bien viens, viens m'embrasser et je te dirai si tu es à la hauteur !" il relève le défit. Il vient à la maison, un samedi matin... Pierre travaille. Les enfants sont chez leur mamie. Je suis seule. Il vient en vélo. Il sonne. Il me fait la bise et entre. Je lui sers un coca, on s'assoit sur le canapé. Je le regarde. Il est si beau. Je ne me lasse pas de le regarder. je me sens gauche. J'ai le coeur qui bat à deux cents à l'heure. Il parle beaucoup comme pour meubler... faire passer le temps... c'est moins facile de fanfaronner devant moi que par facebook... j'ai envie de ce baiser au fond de moi, c'est terrible. Des mois que je vois Samuel avec Alicia, que je rêve de le toucher, de le serrer dans mes bras... et il est là... tout près de moi... son genou contre mon genou... on rit, encore et encore.. et puis je lui lance "alors ? tu vas t'en aller sans relever ton défit ?" et là je m'approche de lui et mon coeur fait "boooooouuuuum".... nos lèvres se touchent, de petits baisers timides... je pose ma main sur sa joue, et on s'embrasse encore et encore, nos souffles mélés... "whaaaoooo c'était top" me dit il en partant... et on s'embrasse encore... quand la porte se referme sur lui... je frôle l'infarctus... j'ai vingt de tension tellement je suis exitée. On s'est embrassé... je vis un rêve tout éveillée...
     
    "Je suis bien rentré j'avais plus de jambes pour pédaler..; c'était top le bisou" "c'était top pour moi aussi Sam" et les sms succèdent aux sms, facebook ne suffit plus... les sms toute la journée...  
    Je rumine non stop, je décortique ce qui est entrain de m'arriver entre moments de joie, de pure folie, et moments de désespoir. Samuel me fait rêver depuis des mois et là... le rêve devient réalité, c'est pure folie oui, ce qui m'arrive. Quand il était en internat il est arrivé plusieurs fois qu'il termine ses messages par "bonne nuit je vous aime" ... ça m'interpellait mais  je prenais ça pour "je vous apprécie beaucoup" et à présent je me demande... je lui pose la question.... "ça voulait dire ce que ça voulait dire" me répond-t-il... il me vouvoie encore et je lui demande de me tutoyer...  Je suis sur mon petit nuage...
     
     
    La semaine suivante Samuel veut qu'on se voit. Ses parents ont acheté un chien, une petite femelle cocker noir et feu adorable, il me propose de passer la voir chez lui et j 'accepte. Je propose de lui faire des photos.  Il est convenu que je passe chez lui le samedi après midi suivant.
     
    Toute la semaine je pense à ce rendez-vous. Je n'ai plus eu envie de dire je t'aime depuis si longtemps et là j'ai envie de le crier, je ne peux pas lutter... je ne pense pas un instant à ne pas donner une suite à ce qui m'arrive. Cette attirance que j'ai pour Sam je l'ai, depuis cette réunion parents profs au collège. Si le destin l'a mis sur mon chemin, si Samuel est arrivé jusqu'à moi... C est que j ai quelque chose à vivre avec lui. Je suis consciente des dangers que je prends... mais j'en ai marre de ma vie fade, de ma solitude, j'ai envie de fun, de passion, de rêve... non je ne peux pas lutter...  

     

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    B-Chapitre 1

     CHAPITRE 5

     

     

    Ecrire c'est une autre façon de prier.
    C'est espérer que les mots
    protégeront ceux qu'on aime.
    Françoise Lefèvre


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    avril 2014.

    Samuel continue donc son apprentissage dans une nouvelle exploitation plus proche de chez lui. Le point positif est qu'il n'est plus obligé de dormir sur place. Il peut rentrer chez lui tous les soirs. Ses parents font les trajets. Le top.
     
    Quand Samuel me parle de ses journées, il n'a vraisemblablement pas une minute de repos, les tâches s'enchaînent les unes aux autres...  Il arrive pour la traite très tôt le matin et après c'est nettoyer, conduire les tracteurs, de longs trajets sur des nationales. Je suis étonnée car il n'a même pas le code et on l'envoie jusque dans le département à côté... Au début Sam a l'air enchanté. Gérald son maître d'apprentissage a l'air sympa.
    Un soir il me raconte catastrophé qu'il a fait une bêtise, il a cassé le neiman du tracteur... la clé était bloquée il a forcé et voilà... il s'est fait grave engueuler...
    Certains soirs sa mère a énormément de retard et je reçois des sms. Il est debout au bord de la route... rien dans le ventre à 19h30... dans le froid glacial  ...  il attend...  je le réconforte comme je peux... j'ai mal pour lui...
     
    Noël arrive. Alicia veut qu'on organise un réveillon fictif entre nous, sam, elle, moi et Lucas... je joue le jeu et c'est une super soirée de rires et de bonheur. Ils s'échangent leurs cadeaux et je leur fait faire à chacun une boule de neige de Noël avec une jolie photo d'eux à l'intérieur. Ils sont ravis.
     
    Alicia prend des cours particuliers d'équitation. Le centre équestre est juste à côté de la ferme où Sam travaille. Je l'invite à venir la guetter mais il refuse, il n'oserait jamais demander à son patron l'autorisation de toutes façons ce serait non... Décidément... pas sympas ces paysans !!! 
     
    Sam est fatigué, il semble à bout de nerfs. C'est un bosseur il n'arrête pas mais apparemment son patron n'est jamais content. Je me dis qu'il n'a pas choisi une voie facile. 
     
    Un après-midi Alicia reçoit un coup de téléphone de Sam il est à nouveau mort de peur elle n'y comprend rien... Il se trouve en Haute-Saône le département voisin. Il est parti là bas en tracteur, seul, il a crevé... il lui parle au téléphone et elle entend le ronronnement du tracteur... des gens "bizzares" lui ont foutu la trouille... il tient des propos incohérents, il est paniqué "ils m'ont suivi, c'est après moi qu'ils en ont, ils vont me tuer" ... que faire ? on ne peut rien faire... c'est la panique... Je sais que Sam est sujet à des crises d'angoisse terribles, il se fait aussi beaucoup de films, il voit des dangers là où il n'y en a pas... qui voudrait lui faire du mal dans un village où on ne le connait même pas ? 
    Il a appelé son patron qui n'a pas bougé. "on vient dès qu'on peut" lui a t il répondu.
     
    Sam ne se remettra jamais de la peur qu'il a eu ce jour là... il est allé chercher de l'aide pour son pneu dans une ferme des environs. Les bâtiments, les gens, tout était glauque, peu rassurant et il s'est sauvé et a appelé son patron. On ne saura jamais quel scénario exact il s'est inventé mais ça semblait digne d'un bon film d'horreur... genre "Captifs" ce film où on enlève des journalistes et où on les enferme dans une vieille ferme des pays de l'Est, pour les tuer un à un et leur voler leurs organes... Il ne me vient même pas à l'idée de rire de tout ça pourtant certains auraient tendance à dire "mais il est fou ! il est malade !"... Non j'écoute Sam raconter son histoire et je compatie... je cherche à comprendre, à le rassurer..
     
    Sam change... il vient moins... et là... un samedi après-midi... il quitte la maison rapidement et j'entends Alicia  pleurer bruyamment dans sa chambre... je monte les escaliers inquiète. Alicia hurle. "il me quitte maman il ne veut plus de moi, il a quelqu'un d'autre !" je tombe des nues...
    Depuis des semaines je sais qu'Alicia est en soucis.   Sam se sentant seul en internat s'est fait une amie "Pauline". C'est juste amical, pour se sentir moins seul. Et là Alicia a lu des messages dans le portable de son copain "des je t'aime" "moi aussi" "tu me manques". Alicia a fait avouer à Sam sa liaison avec Pauline et elle l'a giflé. Sam lui a dit qu'il la quittait pour Pauline.
    J'essaie de la consoler mais rien n'y fait et je m'aperçois qu'Alicia s'est scarifié les cuisses les bras avec une lame de rasoir.  Je tombe des nues. Ma fille se scarifie. 
    Mon sang ne fait qu'un tour. Je lui dis "mais pourquoi t'as fait ça ? qu'est ce qui t'a pris ? aucun garçon ne vaudra jamais que tu te fasses du mal." Je prends en photos ses coupures et j'envoie la photo à Sam "Regarde ce qu'Alicia s'est fait  à cause de toi ! Bravo !" je suis dans une rage... et mes deux tourtereaux se séparent... Sam me répond qu'il ne voulait pas ça mais qu'il est trop seul là-bas en cours...
    Alicia est d'une tristesse à mourir les jours suivants. Ca me fend le coeur. Elle pleure continuellement, son regard est triste et vide. Les jours passent. Les semaines. Je souffre comme elle. Plus de nouvelles de Sam. Quel salaud je me dis. Je suis en rage. Le temps apaise un peu les choses. J'essaie de consoler ma fille comme je peux. Samuel lui manque, terriblement, elle souffre... Et je suis déçue... j'ai mal moi aussi... je me suis trompée sur lui...
     
    Un mois plus tard Alicia m'annonce que Sam et Pauline se sont séparés. Sam  a recontacté Alicia et a dit à ma fille qu'il regrettait sincèrement son attitude, le mal qu'il lui a fait, qu'il s'est trompé, qu'il lui demande pardon et évidemment... Alicia, toujours folle de lui, lui pardonne....  
     
    La vie reprend son cours.
     
    Sam vit l'enfer sur son lieu de travail. Son patron lui met la pression sans cesse, il est odieux avec lui, le traite de faignant, de bon à rien... c'est l'enfer... je me sens mal car c'est moi qui l'ai envoyé là... "c'est pas votre faute, vous ne pouviez pas savoir" me dit-il. Notre cousin connaissait très bien les parents de cet agriculteur mais pas lui en personne apparemment.. Les parents sont gentils. Pas le fils. Je culpabilise. De plus on ne lui paye pas ses salaires d'apprenti, ça m'insupporte tout ça. Finalement ses parents cassent le contrat et le retirent de cette ferme. Deuxième contrat cassé. Que va-t-il faire ? comment trouver un autre stage en mars ? Sam me fait pitié "je suis un raté je fais honte à toute ma famille, rien ne va jamais".
     
    Finalement à peine quelques semaines plus tard il signe un troisième contrat. A nouveau Sam est ravi... il dormira là bas, il aura sa chambre à lui, c'est dans une maison neuve, il fera "presque" partie de la famille. Chose nouvelle c'est une patronne "Karine"... elle est FORMIDABLE... gentille, elle fait confiance à ses apprentis elle en a deux. Tout semble parfaitement parfait et je suis heureuse pour lui. Sam travaille dur, il dort toujours très tôt, épuisé... on se parle un peu tous les soirs, la routine... tout semble bien parti.   
     
    Mais la pression est énorme. Les horaires lourds... Sam rentre chez lui tard le vendredi soir et parfois accepte de dépanner le samedi matin. il vient moins longtemps et Alicia en souffre. "Il préfère ses vaches !" en moi je me dis on dirait moi quand je parle de Pierre... mais  je défends Sam. "Il travaille dur Alicia, c'est pas sa faute..." et un jour d'avril il annonce à Alicia qu'il en peut plus. Qu'il n'a plus de temps pour rien, pour aucun loisir, qu'il n'est plus jamais chez lui, qu'il ne voit plus sa famille, qu'il est fatigué. Qu'Alicia lui en demande trop. Et là... nouvelle séparation.
     
    Alicia est effondrée. "Ca fait tout juste un an maman qu'on est ensemble... il m'a trompée avec Pauline, je lui ai pardonné, et à présent il a besoin de liberté ! Et le comble c'est qu'il m'a dit qu'Enzo prendrait soin de moi à sa place !!! il me jette dans les bras de son meilleur pote Enzo pour se débarrasser de moi" . C'est étrange. Mais comme à mon habitude je trouve toutes les excuses possibles à Sam. Il n'est pas là de la semaine, il ne va plus à la pêche il ne fait plus ni skate, ni vélo... il a le sentiment d'étouffer... après... quand on aime... Voir Alicia malheureuse me brise le coeur du coup je lui dis "invite Enzo, tu discutes avec lui sur Skype et le courant passe entre vous alors essaie de mieux le connaître" "Enzo me fait penser à Sam, le skate, le vélo... les mêmes expressions... tu as raison faut que je me change les idées"...
     
     
    Je continue pourtant à écrire à Sam...
     
    Alicia n'est pas contente et je la comprends. Mais Sam m'écrit et je ne peux pas ne pas lui répondre. Je pense que j'ai autant besoin de lui parler que lui en a besoin.   On a créé un lien. On s'est rapproché. On dirait que je fais partie de sa famille. Il me raconte ses journées, ses problèmes. Et là... à peine quelques semaines après son embauche, à nouveau, il me raconte une histoire abracadabrante, une crise d'angoisse et des peurs monstrueuses... 
    "je devais rejoindre Carole et son mari dans un pré pour réparer une clôture... quand je suis arrivé ils étaient à l'extrémité du pré. J ai fait mon boulot mais je n'avais pas assez de clous. Je les ai rejoint et quand je suis arrivé près d'eux j'ai senti que je les dérangeais. Que j'avais vu quelque chose que je ne devais pas voir. Ils venaient de creuser un trou pour enterrer quelque chose secrètement sans que personne ne voit... j'ai vu la caisse pleine d'os. Ils enterraient un cadavre.."
    Pour Sam c'était un cadavre d'enfant. Dans sa tête le scénario était écrit, incrusté, gravé. Ce qui ne devait être que des ossements de veau dont on voulait se débarrasser sans attirer l'attention car c'est interdit d'enterrer des restes de la sorte, pour lui c'était un cadavre. Et de nouveau ses vieux démons ont ressurgi. Une crise d'angoisse énorme. "J'ai appelé ma mère, je lui ai dit de venir me chercher tout de suite. Que j'allais mourir. Mais ni elle ni mon père ne sont venus. Ils m'ont dit ça suffit. Tu finis la semaine. On viendra te chercher vendredi soir. Ils m'ont laissé trois jours seul, paniqué, terrorisé. Je pensais qu'ils allaient se débarrasser de moi. Je dormais mal. Je me réveillais sans cesse la peur au ventre." Cette histoire me semblait absurde. Je me vois encore écrire à Sam "mais c'était un veau rien de plus, ils n'auraient pas enterrer un cadavre en plein jour réfléchis" mais non... bloqué sur ses positions Sam perdait tout sens de la réalité.
    Pour la troisième fois il mit fin à son contrat d'apprentissage.
     
    Plus de lycée car plus de contrat. Le voilà à la maison. Sans rien. Ses parents ne lui parlent plus. Ils n'en peuvent plus. Tant de déception, de stress, de combats perdus. Je les comprends quelque part mais c'est évident que Sam a un problème psychologique. Il est suivi par un psychiatre. Il prend des médicaments. Ce n'est pas entièrement de sa faute ce qui lui arrive. Sam me dit "ils m'ont abandonné là-bas je les déteste. J'aurais pu crever ils ne sont pas venus me chercher."
    C'est terrible ce que cette famille vit. Je ne voudrais pas être à leur place. J'essaie de consoler et de soutenir Sam comme je peux. Je me dis comment sa maman fait pour tenir le coup. 
     

     

     

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    B-Chapitre 1

     CHAPITRE 4

     

     

    Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire.
    C'est hurler sans bruit.
    Marguerite Duras


    roman-INFINIMENT-chapitre 1
     roman-INFINIMENT-chapitre 1

     

     

    septembre 2013.


    Bien compliquée cette romance entre Alicia et Samuel. J'y perds un peu mon latin. Ils ont fait connaissance en janvier alors que celui-ci était encore en couple avec Lydie. Ils ont commencé à se texter et Lydie l'a découvert. Pourquoi avoir montré les sms  d'Alicia à sa copine ? il est bizarre ce garçon, pour la rendre jalouse ? 
    Samuel et Alicia ont coupé les ponts. Il est resté avec Lydie.
    Alicia le retrouve en février après la St Valentin... mais toujours secrètement à cause de Lydie trop virulente voir "dangereuse" selon Samuel... le couple s est séparé alors pourquoi ce harcèlement constant de Lydie vis à vis de Samuel. Surtout que c'est elle qui l'a laissée. Lydie invente un tas de mensonges pour humilier son ex, le faire passer pour violent, lui pourrir la vie... elle va jusqu'à raconter qu'il tapait ses animaux, qu'il était violent avec elle qu'il l'a violée... elle se moque de lui aux récrés... Samuel ignore Alicia aux récréations, personne ne sait qu'ils sont en couple, qu'il vient la voir à la maison depuis le mois d'avril.  Mais Lydie se doute certainement et ses attaques envers Alicia sont régulières. L'attitude de Lydie est pesante, Alicia en souffre cruellement, elle ne parle QUE de ça mais refuse toujours que j'intervienne...   Alicia demande à Samuel de faire quelque chose, il répond "oui" mais n'agit pas... juin et la fin de l'année approchent heureusement...
     
    Alicia et Samuel sortent ensemble. Il vient à la maison. Ils vont marcher dans les prés alentour, passer du temps à la rivière, elle me montre les photos qu'ils prennent. Elle me raconte leurs conversations... tout se passe bien...  L'été promet d'être magique pour Alicia. Je prépare l'anniversaire de ma fille ses quatorze ans... Je fais toujours choisir un thème pour la décoration de la table d'anniversaire et pour le gâteau, et Alicia choisit comme thème "les anges". Malicieusement elle me dit "Samuel est mon ange !"... nappe bleue clair, statuette d'anges, plumes blanches... tout y est... je fais de mon mieux, elle est ravie...
     
    Je n'invite pas Samuel à l'anniversaire d'Alicia. Pierre ne serait pas d'accord. En plus, tout le monde s'étonne que je la laisse avoir un petit ami aussi jeune... Je me remets en question. Ais-je tort ? les temps changent. Les petites copines d'Alicia ont elles aussi des copains... ça m'énerve toutes ces réflexions.
     
    Le courant ne passe vraiment pas avec Pierre. Je ne comprends pas trop pourquoi. Je parle beaucoup de Samuel à Pierre j 'aimerais qu'ils s'apprécient. Samuel travaille chez un paysan à temps perdu et il est passionné par les vaches, les chevaux. Il aime travailler dans le bois. Aller à la pêche. C'est amusant. Ils ont plein de points communs. Mais le courant ne passe pas. Ils ne s'adressent pas la parole. Pierre me dit "il ne me regarde jamais dans les yeux, il me serre la main en regardant ailleurs, il est pas franc." Je lui réponds "tu l'impressionnes, tu ne le mets pas à l'aise". Et la conversation s'arrête là.
     
    L'été arrive. Samuel part un mois en vacances à Bordeaux avec son meilleur ami : Enzo. Il passe dire aurevoir à Alicia en vélo avec cet ami. Je ne les vois pas.
    J'ai un peu la rage. Je me dis que là bas pas de facebook. Un mois sans lui parler... Bizarrement ça me semble très dur. Je lui ai donné mon numéro de portable. Il peut m'envoyer un sms de temps en temps s'il le souhaite.
    Samuel ne quitte quasiment pas mes pensées, Alicia en parle tout le temps.
    Cette attirance que j'ai pour lui est toujours là. Bien cachée, secrète dans mon coeur... plusieurs fois Alicia me dit énervée "Sam m'a redit que j'avais de la chance d'avoir une mère aussi jolie"... j'ai 48 ans. Samuel a dix-sept  ans... c'est impossible que je lui plaise... j'en reste là...Je me rends compte quand même que parler à Samuel tous les soirs c'est devenu un rite,   une addiction... un besoin... J angoisse à la perspective de ce long mois de silence...
     
    Samuel écrit à Alicia elle me donne des nouvelles. Je reçois quelques sms... Les semaines passent... Il rentre par avion fin juillet et vient voir Alicia dès son retour.  Il est enchanté de son séjour, la vie reprend son cours.
     
    En septembre il part en internat au lycée agricole de Vesoul. Il est ravi de son orientation. L apprentissage c 'est son choix. Il va gagner un peu d argent, travailler dans ce qu'il aime, je trouve ça génial.
    Alicia est triste de son côté car elle ne le verra plus de la semaine. Je la console, il viendra le week end selon ses possibilités... Et il reste le téléphone...
    Samuel reste parfois manger le samedi soir quand Pierre travaille et sa maman vient le chercher vers 21h ainsi Alicia peut le voir un peu plus longtemps... On est très proches tous les trois. Mon fils par contre reste en retrait. Il n'apprécie pas trop Samuel. Impossible de comprendre la raison. On rit, on fait les fous pendant les repas mais Lucas garde souvent son sérieux. Il reste à l'écart. Ca me contrarie.
     
    Je propose à mes deux tourtereaux une séance photos et ils sont ravis. Ils prennent la pose et je les mitraille... étrangement dans l'objectif le regard de Samuel m'interpelle. Il me fixe et j'ai l'impression qu'il veut me faire passer un message... A nouveau je me sens troublée. Le courant passe entre lui et moi. Une complicité s'est installée. On plaisante, on se chamaille, on se défie même. C'est un jeu... on se sent bien tous ensemble.
     
    L'été passe... 
     
    La date de rentrée approche... La vie à la maison ne change pas. Pierre travaille de week end pour six mois comme chaque année. Il passe la semaine à la ferme. Je suis seule avec les enfants. J'enrage. J'aimerais qu'il pose le carrelage dans les escaliers du sous-sol, qu'il s investisse dans la maison mais non. Il tond la pelouse, fait le jardin, mais ça s'arrête là. Le reste du temps il est absent.
    Samuel passe avec sa maman à la maison une fin d'après-midi afin que l'on fasse connaissance. Le courant passe assez bien mais je la trouve plutôt froide. Samuel est assis en face de moi et il me fixe. Je sens son regard et j'ai peur que sa maman le remarque. Une fois encore je suis troublée. Alicia est toute gênée et parle peu. En moi je me dis qu'il sera difficile de lier amitié... 
    Les soirées avec Samuel une semaine sur deux se succèdent. On les attend tous avec impatience, lui, Alicia et moi. J'essaie de cuisiner des choses qu'il aime, on est heureux.
     
    La rentrée arrive...
    Laura rentre en quatrième. Samuel part à l'internat pour un bac pro agricole en apprentissage. Il a trouvé un patron en Alsace dans un village éloigné. Il dormira là-bas et ne rentrera que le week-end. Ca ne l'effraie pas. Il semble réjoui quand il en parle. Les cours lui plaisent, il m'explique l'agronomie, la zootechnie. On sent son intérêt. Après une semaine de cours c'est trois semaines d'apprentissage chez le patron. Les journées sont longues et dures. Levé aux aurores pour la traite, des travaux de force toute la journée, la traite du soir, les repas avec les patrons... Samuel ne s'étale pas trop dans les détails mais on sent que c'est dur. Le soir c'est un quart d'heure de discution et il s'éteint, exténué. Il dort très tôt.
    Alicia le vit mal. Pas de messages la journée ou très peu. Le soir Samuel s'endort alors qu'elle, est une couche tard. J'essaie de le défendre autant que je peux. Elle comprend. Le samedi il vient plus tard à la maison et le dimanche il passe deux petites heures et rentre. Quand Alicia s'énerve j'interviens. "Alicia il doit faire son sac, ses devoirs, faire ce qu'il aime aussi... être un peu avec sa famille. C'est pas sa faute. Ca ira mieux pendant les vacances." Mais en apprentissage il n'y a pas de vacances scolaires. Ma fille souffre de cette séparation.
    Les mois passent. Samuel souffre aussi de son côté de l'éloignement bien qu'il me dit que l'internat c'est top. Il s'est fait des potes.  Ca chahute dans les chambres le soir. Il va manger en ville. L'internat passe bien. Par contre plus les semaines passent et plus les périodes chez le patron semblent devenir pesantes. Le dimanche soir il angoisse. Je le sens. J'essaie de l'encourager et de le soutenir moralement. Plus les semaines passent plus ça se dégrade. Le patron n'est jamais content, il le critique, il a des sautes d'humeur... la totale... Samuel me fait pitié. J'aimerais tellement l'aider. Mais je suis impuissante.
     
    Un vendredi soir sa maman se prend la tête avec son patron et décide de le retirer de l'exploitation. Elle conçoit enfin que ce n'est plus possible. Que son fils vit un enfer. C'est un soulagement pour Samuel et pour moi. Mais il faut retrouver un autre patron, d'urgence.
     
    Samuel m'annonce que près de la frontière suisse, il y aurait une opportunité. Il doit faire un essai sur un week end dans les jours qui viennent. " C'est super y a des chevaux" me dit il. Il semble emballé. Bizarrement je me dis, c'est loin, c'est isolé. Si c'était mon fils... Samuel part donc faire son essai. Ses parents le déposent avec son sac et le laissent sur place.
    Ce vendredi soir là on va au ciné. Pierre et Lucas dans une salle pour un film de mecs et Alicia et moi dans une autre salle pour un film de nanas. Le téléphone d'Alicia vibre. Les sms se succèdent.
     "Maman, ça va pas Samuel !"
    "Que se passe-t-il ?" 
    "il est tétanisé !" 
    Je lis les messages et une fois de plus mon sang se glace, j'y crois pas. Apparemment deux des paysans chez qui il se trouve l'ont emmené au village, dans un bistrot, ils boivent, ils sont complètement ivres. Ils veulent l'emmener aux putes..; lui demandent s'il a déjà été avec une femme, ils vont lui en offrir une...  ils racontent des conneries et Samuel a peur. Il est terrorisé. Il me supplie de prévenir ses parents afin qu'ils aillent le chercher. Je ne peux pas faire ça. Je me vois mal appeler ses parents et leur dire que leur fils est tétanisé et qu'il faut aller le chercher. "Si c'est moi qui leur dit ils viendront pas" me dit-il. Du coup Alicia lui demande le numéro de son père et envoie un sms à celui-ci en lui expliquant que Samuel est vraiment mal qu'elle a peur pour lui. "on ira le chercher demain matin à la première heure"... La réponse nous rassure toutes les deux mais on a passé le film à texter avec Samuel et on est toutes retournées ma fille et moi. J'ai la haine contre les parents de Samuel qui ne se font pas plus de soucis que ça. Si c'était Lucas je serais déjà en route. Mais je suis impuissante je ne peux rien faire de plus.
     
    Samuel a eu très peur dans cette ferme isolée. Il ne veut pas y retourner. Le contrat tombe à l'eau il faut trouver autre chose... et c'est urgent vis à vis du lycée. Ses parents sont agacés. Ils ont du mal à comprendre leur fils. Un dimanche à midi, Samuel me cite des noms d'agriculteurs de la région. Son lycée lui a donné une liste et il doit essayer de frapper à toutes les portes... Ma mère s'exclame "ah mais on a de la famille dans ce village ! on peut peut être l'aider". Je pousse ma mère à téléphoner tout de suite à un cousin qui éventuellement pourrait être utile ! et miracle ! on décroche un contrat à Samuel. Merci maman. 
    Le "cousin" nous dit "il va être bien là, ce sont des gens super gentils je les connais depuis toujours". Je suis soulagée, heureuse pour Sam. Je me dis il va enfin pouvoir décompresser et préparer son bac pro sereinement. Je suis heureuse aussi d'avoir pu l'aider. 
     
     
     
     
     
     


     


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  • B-Chapitre 1

     CHAPITRE 3

     

     

    Ecrire c'est déjà mettre du noir sur du blanc.

    Stéphane Mallarmé


    roman-INFINIMENT-chapitre 1
     roman-INFINIMENT-chapitre 1


     

     
    Mai 2013
     
     
     
    Tous les soirs j ai hâte de m'asseoir devant la télé avec mon ordinateur portable sur les genoux car je sais que Samuel va engager la conversation. Ces petits moments de partage sont devenus quotidiens. On parle de tout et de rien, et peu à peu il commence à se confier.  
    Alicia est très amoureuse. Je ne lui cache pas que Samuel et moi on se parle sur facebook. Ca ne semble pas la gêner. Elle sait que Samuel a pas mal de soucis et que ça lui fait du bien de parler. Peu à peu il se confie, s'ouvre, raconte... sa vie... ses déceptions... ses blessures... ses souffrances... Certaines blessures ne sont ni réversibles, ni réparables,  J'essaie de lui expliquer que la vie avance et qu'il faut avancer avec elle, sans plus se retourner sur le passé. Oui aller de l'avant. Avec Alicia à présent. 
     
    Lydie est la première petite amie de Samuel. Petite amie sérieuse dirais-je... ils se sont connus au collège. Au début ils se détestaient... et puis étant voisins ils se sont rapprochés. Je ne connais pas tous les détails. C'est juste la vision que j'ai. Leur amour des chevaux, des vaches, de la nature... Ils avaient le projet de faire une école agricole ensemble... ils se voyaient passer leur vie ensemble... à seize ans déjà... il est vrai que tout concordait  pour que naisse une idylle entre eux. Samuel ne m'a jamais parlé de Lydie à moi, comme il en parlait à Alicia. Il sortait de cette rupture quand il a commencé à fréquenter Alicia et je pense que les regrets se mélaient au chagrin, à la rancune, à la colère. 
     
    Lydie pourrit la vie à Samuel et à Alicia par la même occasion. Elle agresse ma fille verbalement au collège. Ca frôle le harcèlement. Alicia me raconte tristement. Elle semble "brave" car elle a ses potes autour d'elle mais comment vivre sereinement une pareille situation. Samuel subit aussi ce harcèlement, Lydie le provoque, entourée et soutenue par sa bande de copines. Un enfer. Alicia refuse que je m'en mèle. 
    "Ne te fais pas de soucis maman, mon grand-frère veille, il repousse les attaques de Lydie et me défend." 
    Je ne suis pas très tranquille quand même.  Son grand frère c'est Julien un élève de la classe de Samuel...
    Alicia me raconte 
    "Sam et Lydie étaient comme jumeaux tu sais, toujours ensemble. Ensemble au collège, ensemble à la maison... ils ont même dormi ensemble... elle a des chevaux ils s'en occupent ensemble, ils vont en ballade. Ils ne se quittent pas." 
    Cette situation fait rêver mon Alicia, je sens la jalousie qu'elle éprouve vis à vis de Lydie. 
    "Moi ce sera jamais comme ça, il habite pas à côté, on n 'a pas de chevaux à la maison..." 
    Je la rassure comme je peux. "Si tout était si parfait Alicia, ils ne se sépareraient pas... Sam t'aime. Ne t 'en fais pas. Laisse lui le temps de faire le deuil de cette histoire." Cette situation est bien pesante, ce harcèlement constant... et pourquoi en fait ? qu'est ce qu'elle cherche cette fille ? Si Samuel n'a plus de sentiments pour elle, elle espère quoi ? le récupérer en lui pourrissant la vie ? drôle de technique !!!
    "Ca va se tasser Alicia, le temps va apaiser les choses. Cette Lydie va se trouver un nouveau copain et elle va laisser tomber. Et l'an prochain elle et Samuel quittent le collège, tu auras la paix. Elle ne t'attaquera plus. Et Samuel aura lui aussi la paix. Tout ira pour le mieux. Et il peut passer te voir quand il veut quand ton père travaille." 
    Alicia approuve... De mon côté je me demande pourquoi cette fille a autant de haine... les jeunes sortent ensemble un moment et se séparent sans pour autant se pourrir la vie de cette façon...
    Alicia finit par m avouer la vérité...
    "En fait maman... Sam... ça a commencé en janvier....  Sam a commencé à m'envoyer des textos pour que je me "remette" avec mon ex,  un des ses potes... tu sais Gaétan !!! et je voulais pas... et puis de ce fait on a discuté et le courant est  passé entre lui et moi... ça n 'allait plus trop entre Lydie et lui... Personne au collège savait qu'on s'écrivait... c était notre secret... un jour Lydie est venue m'insulter grave 't'approche pas de mon gars t as même pas à être amie avec lui Saloppe il en a rien à foutre d'une gamine comme toi'. Je me suis aperçue que Sam lui avait montré mes sms mais qu'il effaçait ceux qu'il m'écrivait... ça a duré un moment et ça m'a gavée. Du coup j'ai effacé les sms que moi je lui envoyais, j ai gardé les siens et un jour que Lydie venait m'agresser je les lui ai montrés. Elle a été sous le choc, m'a remerciée MDR (mort de rire). Il a pris l'engueulade de sa vie... le lendemain elle est revenue m'attaquer et m a giflée. Je lui ai rendu sa baffe illico et je me suis enfuie en courant vers mes potes... "
    J'hallucinais au fur et à mesure du récit d'Alicia. "Et Sam dans tout ça ?"
    "Il restait dans son coin... il a peur de Lydie...il s 'est remis avec elle et on a arrêté de s'écrire... j ai coupé les ponts...  et puis j ai appris qu'ils avaient rompu le jour de la St Valentin... elle l'a quitté... alors j ai tenté ma chance j ai envoyé un sms à Sam "coucou" il m a répondu "c'est qui ?" "Alicia" et il m a dit et ça je m'en rappellerai toute ma vie "Dieu soit loué enfin un sms de toi !"
    Lydie a quitté Samuel, c'est elle !!!!  mais elle lui pourrit la vie... les moqueries tous les jours, c est insupportable... et lui fait profil bas toujours. Je ne comprends pas pourquoi il lui rentre pas dedans ! mais c'est comme ça !"

     

     

    !"roman-INFINIMENT-chapitre 3

     


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