• G-Chapitre 6

     

    B-Chapitre 1

     CHAPITRE 6

     

     

    Se trouver dans un trou, au fond d'un trou,
    dans une solitude quasi totale 
    et découvrir que seule l'écriture vous sauvera.

    Marguerite Duras


    roman-INFINIMENT-chapitre 1
     roman-INFINIMENT-chapitre 1


     

     

    mai 2014.
     
     
    Un an s'est écoulé depuis que Samuel est entré dans notre vie. Alicia me dit "on est sorti ensemble le 1er avril 2013 et on s'est séparé le 14 avril 2014... un an... et c'est fini. Il était tout pour moi... mon ange, mon coeur... mon premier amour... et c'est fini"... Je sens combien Alicia est déçue et peinée de cet échec. Et on dit bien que la magie du premier amour est d'ignorer qu'il peut finir un jour... Hélas souvent il se termine plus vite qu'on ne pense... 
     
    Alicia est assez "bordélique" et je range sa chambre quand elle est au collège. Aspirateur, poussière et essayer de trouver une place à chaque chose qui traîne sur le plancher. Je jette un coup d'oeil aux papiers que je ramasse pour essayer de ne pas jeter quelque chose auquel elle porterait de l'importance... et là... je tombe sur une feuille quadrillée, je commence à lire le texte écrit à l'encre noire "quand j'étais petite je détestais le sang. Aujourd'hui j'ai pris plaisir à le voir couler sur mon corps. Je me referme sur moi même, mais au fond j'espère que quelqu'un le remarque. Je suis faible, je tremble, je veux une seule chose ; mourir. Il y a une vie après la mort, alors pourquoi attendre ? j'aime me faire du mal. Me mutiler, me couper. Je promets aux gens et à moi même d'arrêter et ils me croient mais le problème c'est que je mens à tout le monde. Je continue, encore, encore, j'essaie de le cacher car je redoute la question "pourquoi tu te fais du mal ? c'est quoi ces marques sur ton bras ?" pourquoi ? je ne sais pas, le passé, le présent, le futur ? une raison bien précise que seule moi sais... y en a qui le font par amour, tristesse, haine... il peut y avoir énormément de raisons, après y en a qui le font juste pour se rendre intéressant... Ca commence par de simples traits, juste comme ça... et ils deviennent de plus en plus profonds, on devient facilement accro.. c'est comme l'anorexie ou la boulimie, ou plus simplement une dépression. même si souvent c'est elle qui nous a amené là... Avec le temps on apprend à soigner, à cacher, même si c'est pas facile. A s'arranger pour que personne ne remarque." 
    Ce mot me bouleverse... quelle souffrance... pourquoi ? Alicia m'a jurée de ne jamais recommencer. Nous avons eu une conversation sérieuse sur les scarifications. J'ai cherché des articles sur internet. Je sais que c'est un appel au secours. Je lui ai dit que j'étais là pour elle, que je serais toujours là. Que quand elle était mal elle devait me le dire, en parler, que j'étais sa maman et que je ne la jugerais pas je l'aiderais toujours quels que soient ses problèmes... je ne lui parle donc pas de ce papier... je le plie et le garde soigneusement dans ma table de nuit...
     
     
    Je fais donc la connaissance d'Enzo. C'est un beau garçon de dix sept ans comme Samuel... ils étaient amis... c'est avec lui que Samuel est parti à Bordeaux l'été dernier. Dès l'instant où Enzo a commencé à voir Alicia les deux ados ont coupé les ponts..
    Enzo est souriant, calme, très agréable. Il se prête à tous les  jeux d'Alicia des ateliers peintures aux bulles de savon. Il vient chaque fois qu'il a du temps libre, mercredi, samedi, dimanche et Alicia qui se sentait si seule avec Sam est ravi... "il lui ressemble tu sais maman, les mêmes expressions, on parle de lui en plus..." Enzo prend ses repères, s'installe chez nous... il est à l'aise..; tout le contraire de Sam... il se sert dans les buffets alors que Sam n'aurait jamais touché à quoi que ce soit... très vite il me tutoie. 
     
    Enzo est souriant et très bavard. On passe de bons moments. J'ai l'impression qu'il vit à la maison. Il est toujours là...  Alicia semble heureuse. C'est top. 
     
    De mon côté je continue de parler avec Samuel par facebook et par sms... je le soutiens comme je peux... il quitte son dernier apprentissage... à bout de nerfs...  Cette fois ses parents lui disent "l'apprentissage c'est fini pour toi". Ils ne lui parlent plus sauf pour lui lancer des piques. Il reste confiné dans sa chambre. Il ne retournera pas au lycee agricole non plus. Ses parents lui disent de se trouver quelque chose pour la rentrée. Au départ Samuel est complètement à plat. "je ne suis qu'un raté,   la honte de ma famille. Le seul qui pose problème, LE cas..." je le console comme je peux. Tout le monde a droit à l'erreur, il faut qu'il trouve sa voie. L'agriculture est un milieu trop difficile, trop rude pour lui. A la rentrée tout ira bien. "Profite de ces quelques mois pour prendre confiance en toi, réussir à soigner tes peurs, et tout ira bien après tu verras"... Je lui envoie de petites phrases genre "Souviens-toi que le jour se lève toujours après la nuit, que le printemps revient toujours après l'hiver, qu'après le froid vient la chaleur, que derrière chaque ombre il y a la lumière, que tout n'est que passage....profites des bons moments comme s'ils étaient les derniers, et ne perds jamais l'espoir lors des mauvais passages... "... 
     
    Le mois de mai passe et l'ambiance se calme chez Samuel.
     
    Samuel est de plus en plus proche de moi. On plaisante grave sur tout, on se provoque plus que jamais. J'ai compris qu'en fait, notre attirance était réciproque. Il joue avec moi. Et ses provocations sont du genre "moi je suis le roi du bisou" c'est gentillet et ça me fait rire... ça me fait rêver aussi. Je suis partagée. Je rêve à lui souvent et je me fais des films juste avant de me rappeler à l'ordre. C'est impossible que je plaise à un garçon de dix sept printemps. C'est impossible. 
    Et un jour je ne sais pas ce qui me prend je lui lance "eh bien viens, viens m'embrasser et je te dirai si tu es à la hauteur !" il relève le défit. Il vient à la maison, un samedi matin... Pierre travaille. Les enfants sont chez leur mamie. Je suis seule. Il vient en vélo. Il sonne. Il me fait la bise et entre. Je lui sers un coca, on s'assoit sur le canapé. Je le regarde. Il est si beau. Je ne me lasse pas de le regarder. je me sens gauche. J'ai le coeur qui bat à deux cents à l'heure. Il parle beaucoup comme pour meubler... faire passer le temps... c'est moins facile de fanfaronner devant moi que par facebook... j'ai envie de ce baiser au fond de moi, c'est terrible. Des mois que je vois Samuel avec Alicia, que je rêve de le toucher, de le serrer dans mes bras... et il est là... tout près de moi... son genou contre mon genou... on rit, encore et encore.. et puis je lui lance "alors ? tu vas t'en aller sans relever ton défit ?" et là je m'approche de lui et mon coeur fait "boooooouuuuum".... nos lèvres se touchent, de petits baisers timides... je pose ma main sur sa joue, et on s'embrasse encore et encore, nos souffles mélés... "whaaaoooo c'était top" me dit il en partant... et on s'embrasse encore... quand la porte se referme sur lui... je frôle l'infarctus... j'ai vingt de tension tellement je suis exitée. On s'est embrassé... je vis un rêve tout éveillée...
     
    "Je suis bien rentré j'avais plus de jambes pour pédaler..; c'était top le bisou" "c'était top pour moi aussi Sam" et les sms succèdent aux sms, facebook ne suffit plus... les sms toute la journée...  
    Je rumine non stop, je décortique ce qui est entrain de m'arriver entre moments de joie, de pure folie, et moments de désespoir. Samuel me fait rêver depuis des mois et là... le rêve devient réalité, c'est pure folie oui, ce qui m'arrive. Quand il était en internat il est arrivé plusieurs fois qu'il termine ses messages par "bonne nuit je vous aime" ... ça m'interpellait mais  je prenais ça pour "je vous apprécie beaucoup" et à présent je me demande... je lui pose la question.... "ça voulait dire ce que ça voulait dire" me répond-t-il... il me vouvoie encore et je lui demande de me tutoyer...  Je suis sur mon petit nuage...
     
     
    La semaine suivante Samuel veut qu'on se voit. Ses parents ont acheté un chien, une petite femelle cocker noir et feu adorable, il me propose de passer la voir chez lui et j 'accepte. Je propose de lui faire des photos.  Il est convenu que je passe chez lui le samedi après midi suivant.
     
    Toute la semaine je pense à ce rendez-vous. Je n'ai plus eu envie de dire je t'aime depuis si longtemps et là j'ai envie de le crier, je ne peux pas lutter... je ne pense pas un instant à ne pas donner une suite à ce qui m'arrive. Cette attirance que j'ai pour Sam je l'ai, depuis cette réunion parents profs au collège. Si le destin l'a mis sur mon chemin, si Samuel est arrivé jusqu'à moi... C est que j ai quelque chose à vivre avec lui. Je suis consciente des dangers que je prends... mais j'en ai marre de ma vie fade, de ma solitude, j'ai envie de fun, de passion, de rêve... non je ne peux pas lutter...  

     

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