Il disait "je t'aime, tu es toute ma vie,  je préfère mourir plutôt que d'imaginer ma vie sans toi" et j'y croyais. Je me serais jetée au feu pour lui. En quelques mois il était devenu mon autre moi. Ma moitié.  Deux âmes jumelles collées l'une à l'autre, inséparables. On regardait toujours dans la même direction lui et moi. L'avenir on le voyait comme la ligne de l'horizon : sans fin. Malgré les écueils de la vie, on y croyait.

Et puis tout bascule du jour au lendemain. Quand on ne s'y attend pas. Un drame... insurmontable... tel un tsunami... vient balayer en une heure à peine toutes les certitudes... les convictions... les mots d'amour... les promesses...  il n'y a plus rien... un torrent de boue balaie tout... absolument tout... on reste démunie.. vidée... désespérée... abassourdie... on pense qu'on va se réveiller d'un cauchemar mais non. C'est bien la réalité... pure et dure... on réalise la peur au ventre qu'on est seul... seul le silence répond à nos appels au secours...

"Lui" qui ne pouvait respirer seul a disparu. Le téléphone reste muet.  Plus d'appels, plus de messages. Les heures passent. Les jours passent. Les semaines passent. L'espoir s'amenuise. Les mois se succèdent. La douleur est là,  Sourde. Lancinante. Tantôt haine, tantôt regret, tantôt remords, mais toujours la même intensité... Les larmes coulent. On se dit que cette douleur ne nous quittera jamais, qu'elle sera toujours aussi vive. Et toujours la même question qui tambourine dans la tête ? "comment je vais m'en sortir, comment je vais réussir à vivre, à survivre, sans lui ?" on essaie de s'accrocher mais plus on s'accroche plus il s'éloigne... 

Un jour, brutalement,  on apprend qu'il a une copine, qu'il vit "lui". Il a tourné la page. Il rit, il vit, il dort avec une autre à peine deux mois après que la vie se soit arrêtée. Insoutenable de se dire qu'on appartient désormais à son passé. Il n'y a plus rien à espérer. Il vit 'sans moi', lui qui croyait mourir 'si je ne faisais pas partie de son avenir'.

Alors il faut réagir. Soit telle Ophélie on s'enfonce doucement dans l'eau glacée et on se noie ou... on choisit de s'en sortir. De remonter la pente. Pas à pas... On nettoie la boue, on se remet en question et seule solution : on essaie de pardonner. Pas facile de pardonner.

La seule façon d'oublier est de retomber amoureux. Cesser de se dire qu'"il" était LA bonne personne, que cette histoire était LA plus belle histoire. Se dire qu'on peut se reconstruire et vivre une autre histoire, différente,  toute aussi belle, toute aussi intense. Une passion moins destructrice. Une histoire plus simple.  On se persuade qu'on oubliera... si on aime à nouveau... si on arrive à parler de lui au passé... si on arrive à ne plus penser 'qu'à lui', si on réalise enfin et qu'on accepte le fait qu'il ne reviendra pas... jamais...

Ce qui est écrit est écrit. En vouloir à la terre entière ne changera rien au destin. Même si on sait au fond de soi qu'il sera toujours là, il ne reste plus qu'à se persuader que demain est un autre jour... plein de promesses...