• I-Chapitre 8

    B-Chapitre 1

     CHAPITRE 8

     

     

    Ecrire,
    c'est comme être amoureux, 
    on est nouveau, libre
    et porté par un désir formidable.
     
    Francis Dannemark


    roman-INFINIMENT-chapitre 1
     roman-INFINIMENT-chapitre 1


     

    septembre - octobre 2014





    Je suis amoureuse de Samuel, je l'aime tellement tout en sachant qu'il n'y a pas de lendemain possible, pas d'espoir, aucune possibilité d'avenir... Je me dis au fond de moi que demain ou après-demain, ses sms seront de moins en moins nombreux, doucement il s'éloignera et comment je gérerai ? l'idée de ne plus l'avoir à mes côtés me fait hurler de douleur, il me semble impossible désormais de vivre sans lui... comment imaginer de vivre sans lui... je refuse de voir la vérité en face pour l instant... pas maintenant... on est fous l un de l autre... comment imaginer le perdre... je refuse de l envisager...
     
    "Maman ça va plus avec Enzo..."
    "pourquoi donc ?"
    "il est trop directif, collant... je n'ai plus le temps de rien. Tu sais que j'adore écrire ben même ça je ne peux plus. S'il est pas à la maison il m'appelle sur skype je ne peux plus voir mes amies non plus... Il les critique tous en plus... j'en peux plus..; il m'étouffe"
     "tu te souviens pourquoi Sam t'a quitté ? pour la même raison. Il avait l'impression de ne plus avoir le temps de rien" 
    "oui"
     "Enzo est très amoureux de toi et vous formez un beau couple ! il est doux attentionné et je l'apprécie on s'entend super bien. C'est dommage !"
     "j'en peux plus"....
     "eh bien fais comme tu le sens ma puce mais tu vas lui faire mal car il est très amoureux et il ne s'attend pas à ce que tu casses ! en plus c'est son anniversaire le week end prochain laisse aumoins passer son anniversaire ce serait trop cruel de le laisser à ce moment là..
    . "oui tu as raison"...
    "j adore ses parents tu sais Alicia, ça me fait mal. J'adore Enzo et j ai bien sympathisé avec sa maman, on ne les verra plus, c'est dur"...
     
    Samuel a mis Alicia dans les bras d'Enzo quand il l'a quittée. Et aujourd'hui, alors que je viens de lui raconter la situation il semble jaloux.
    "Tu sais Enzo crevait de sortir avec Alicia. Quand on est passé en vélo avant de partir à Bordeaux, il en crevait déjà. A Bordeaux il arrêtait pas de me parler d'elle. C'est pour ça que je me suis dit que pour qu'Alicia ne souffre pas trop c'était la meilleure solution de les rapprocher. Il est faux, hypocrite.. menteur..."
    "je le croyais ton ami ?"
    "parce que j'ai toujours tout avalé de sa part"
    "ah bon ?"
    "oui"
     "Samuel quels sont tes sentiments pour Alicia ?"
     "Je lui ai fait du mal, je m'en veux terriblement... je serai toujours là pour elle... si elle a besoin de moi... " 
    "tu ressortirais avec elle ?" 
    "...je t'aime Sandy" 
    "on n'a aucun avenir ensemble Samuel, aucun... je sais que ça t'énerve quand je te dis ça mais il faut être réaliste... le temps est une chose contre laquelle on ne peut pas lutter. Alicia a beaucoup d'affection pour toi. Elle était amoureuse de toi, raide dingue je dirais... Peut être qu'elle a encore des sentiments pour toi..."
    "tu veux dire que je devrais me remettre avec Alicia ?"
    "ben on se verrait comme ça, tu reviendrais à la maison, et on se contenterait d'une relation amicale... il y a des bons côtés, on s'amuserait tous ensemble comme avant, on rigolerait... et tu t'entendais bien avec Alicia..."
    "d'accord comme tu veux"... je remarquai son air blasé... mon coeur était en miettes mais ça me semblait la meilleure solution.
     
    La rentrée s est bien passée pour Alicia. Elle est en troisième, elle est entourée d'amis, j'entends de nombreux prénoms et j'apprends à mettre un visage sur tous... Samuel a une soeur qui est en troisième dans la même classe qu'Alicia. Elle aussi a des des problèmes... Elle manque régulièrement les cours. Un dimanche soir Samuel passe à la maison avec sa maman et sa soeur afin que celle-ci recopie les cours qui lui manquent. C'est quelques jours après notre discution. Samuel a envoyé un texto à Alicia "Faut qu'on parle". Peu après leur arrivée Alicia et Samuel disparaissent un moment et reviennent souriants. 
    "Maman tu vas pas aimer... mais Samuel m'a embrassée, il m'aime toujours..."
     "et toi Alicia ?"
     "ben j ai eu plein de papillons dans le ventre... je crois que j ai encore des sentiments pour lui"...
     "Fais comme tu le sens alors"...
    Je ne sais pas encore ce qui m'attend à cet instant... je n'ai pas réalisé la perversité de la situation. Samuel va revenir à la maison, oui. On va reprendre nos après-midi, nos soirées à regarder des films, à bavarder, nos super soirées à rire... mais... mais ce sera la main d'Alicia qu'il tiendra... pas la mienne... ce sera elle qu'il embrassera, qu'il emmènera marcher à la rivière... et le pire... avec elle qu'il s'endormira..
     
    Dès le week end suivant nous reprenons donc nos anciennes habitudes. Cependant le Samuel d'aujourd'hui est différent du Samuel qu'Alicia a connu et fréquenté. Six mois se sont écoulés et dans ces six mois il y a eu tous ces échecs dans l'apprentissage qui ont changé Samuel. Toutes les peurs qu'il a eu et qui l'ont rendu victime de phobies et paranoïaque... C'est un Samuel qui avant était indépendant, et qui aujourd'hui a besoin d 'une attention constante. C'est un Samuel qui se crée des peurs... non stop... des peurs injustifiées, qu'on a du mal à comprendre... 
     
    Le samedi se passe bien... la soirée arrive et je commence à préparer le repas... Samuel parle, il est tout bien. Pierre est à la télévision, nous dans la cuisine à rigoler... Le soir tombe et je ferme les volets. Je me retourne et je vois sur le visage de Samuel que quelque chose ne va pas.
    "Qu'est ce qui y a ?"
    "je veux rentrer chez moi !"
    "quoi ? tu rigoles ? tu vas pas rentrer chez toi maintenant ! tu vas manger avec nous"
    Impossible de le raisonner je dois le ramener grosse crise d'angoisse... Dans la voiture il ne dit mot puis se met à pleurer... Alicia n'est pas venue avec nous. On l'a laissée sur le chemin, devant la maison. Elle pleure.
    J'ai mal au coeur. J'essaie de la raisonner en rentrant.
    "Tu sais Samuel a vécu tellement de mauvais moments chez ses derniers patrons qu'il faut que tu réalises qu'il est malade. Il va chez un psychiâtre, il a un traitement assez lourd, et de grosses peurs. Il va falloir être patiente avec lui. Il ne pouvait pas ce soir mais on va y arriver, patience. Il réussira à rester.."
    Sam vient donc les après-midi... mais ne reste pas le soir... J'ai organisé l'anniversaire de ma mère, un samedi soir, dans une salle avec quelques amis.
    "Oui je viendrai bien sur !"
    Samuel, Alicia et moi passons l'après-midi à décorer la salle. mettre la table, accrocher guirlandes et ballons. Tout se passe bien. Je pars avec une amie chercher le gâteau. Sur le chemin du retour je reçois un sms d'Alicia. "Je vais mourir Maman, je ne vais pas supporter, il est parti !" Samuel n a pas réussi à gérer son stress. Alicia l'a laissé seul le temps de prendre une douche. A son retour la sonnette de la porte d'entrée retentissait. Samuel avait appelé sa mère, qu'elle vienne le chercher. Alicia est à bout de nerfs. J'ai du mal à la calmer et je la comprends; Je suis en rage aussi. J'étais heureuse de passer la soirée avec Sam près de nous.  Nous avons beaucoup de mal à surmonter notre déception toutes les deux... finalement on s'épaule et on se soutient toute la soirée. On doit faire bonne figure on n'a pas le droit de gâcher la fête.  
     
    Au fil des semaines Samuel prend confiance. Et un samedi soir... il reste à la maison... Pierre est de l'après-midi. Il mange, on regarde des films.. et il reste dormir... mes sentiments pour lui n'ont pas changé. Je gère comme je peux. Sam fait attention de ne jamais embrasser Alicia devant moi. Je lis dans son regard quand il me regarde. Il y a toujours la même provocation je dirais le même message. Mais il est avec Alicia. C'est moi qui l'ai voulu. Je ne dois pas me plaindre. Mais ce soir là... je suis mal. Je redoute "le moment"... où ils vont monter l'escalier et se coucher, ensemble...  19 octobre 2014 ... le moment tant redouté est arrivé... il fallait qu'il arrive... pour me torturer un peu plus..; c'était inévitable... Je vais me coucher seule dans mon lit. J'allume le poste de télévision. "Tu es là sous mon toit et tu es couché avec elle.. je ne dois pas penser... je dois dormir... demain ça ira mieux..". demain c'est mon anniversaire et j ai un super cadeau. Celui que j'aime dort avec ma fille... J'ai le coeur en sang... Je ne peux pas empêcher mes pensées de vagabonder.. Sam est entrain de l embrasser de la caresser, de la serrer contre lui, de lui dire qu'il l'aime...Torture morale, lancinante... partager celui qu'on n'aime n'est pas chose facile... j'ai l'impression que je vais mourir de douleur... la jalousie m'étouffe. Je pensais pleurer piquer une crise mais non... j'accuse le coup...Je me rends compte que jamais Sam ne sera à moi... que jamais nous ne dormirons toute une nuit dans les bras l'un de l'autre...  l'amour c'est toujours si compliqué... trop jeune trop vieux, pas la même couleur, pas la même religion.. pas libre, mariée..; pourquoi ne peut on laisser libre cours à nos sentiments... 
     
    Le lendemain matin un bruit me réveille. Il n'est que huit heures et quelqu'un est dans le couloir. J'imagine que Sam refait une crise d'angoisse et veut partir. Je me lève à l'arrache et déboule dans le hall. C'est Alicia. "Recouche toi maman on veut te faire une surprise." Je me recouche donc un peu rassurée. Les jeunes sont allés acheter un gâteau d'anniversaire. Ils reviennent peu après et on déjeune ensemble. Le repas dominical a lieu chez ma mère. Et je souffle mes bougies en famille avec Samuel qui est là... ça efface mon chagrin de la veille. Le summum j'ai droit à ma première photo avec lui. Il est assis à côté de moi sa tête tout contre ma joue... et mon coeur bat. Je suis heureuse.
    Alicia me reprochera par la suite qu'on a peu de photos d'elle et moi, que Samuel a pris toute la place ce midi... En regardant les photos je me rends compte... que ça crève les yeux... que ça a du crever les yeux à ma mère aussi..; on voit sur nos visages ce qui nous lie lui et moi... c'est flagrant... J'ai honte vis à vis d'Alicia.
     
    Je passe mon temps à regarder la photo de Samuel et moi... je ne trouve pas que la différence d'âge se remarque tant que ça... Nos sourires sont resplendissants on est aussi heureux l'un que l'autre... Mais je me sens mal... si mal vis à vis de ma fille. Je ne pense pas que ça va durer entre elle et Sam, Samuel a tellement changé au cours de ces mois d'apprentissage.
     "Tu te rends compte maman il a peur de tout... même aller marcher jusqu'à la rivière il faut que je le traine et on n'y reste pas... regarde on fait rien ! dans le temps il aimait l'extérieur, rester dehors, à présent c'est canapé, télé toute la journée !! j'en ai marre... En plus j ai laissé Enzo parce qu'il m'étouffait et lui qu'est ce qu'il fait ? il est pendu au téléphone toute la journée, ça me gave..."  
    Je rappelle à Alicia toutes les épreuves qu'a subi Samuel, ses problèmes psychologiques... que tout va finir par s'arranger il faut lui laisser le temps... 
    'je ne lui pardonne pas de nous avoir lâcher pour l'anniversaire de mamie je me suis retrouvée seule comme une cruche, c'était vraiment dégueulasse de sa part... appeler sa mère pendant que j'étais sous la douche...
    " Il va gérer laisse lui le temps... tu vois il est resté hier soir... ça va déjà mieux... 
    "il est toujours là je vois plus mes amis, il ne les apprécie pas... et en plus on fait plus rien toutes les deux !" 
    Je ne peux pas contredire ma fille c'est vrai que Samuel est à la maison tous les jours... on ne fait plus rien sans lui... mais comment dire à Alicia que la véritable raison est que j'en suis raide dingue. Que lui et moi on s'aime.. comme des fous... 
     
    Tous les soirs Samuel et moi restons scotchés sur facebook... nous partageons un blog et nous nous écrivons   via ce blog nos ressentis, des poèmes... Je culpabilise et quelque part lui aussi même s il le cache...
    "Sandy si on en est là c'est parce qu'on s'aime, parce qu'on a cru en nous, on en est devenus inséparables.  Arrête de te dire "je suis plus vieille je vais vieillir il est jeune" tu t'en fou de ça ce qui compte c'est les battements de nos coeurs ; notre paradis, nos souffrances, Sandy, l'amour n'a pas d'age  ni de limite tu as ta place dans mon coeur. Reculer ne sert à rien, s'accrocher, s'aider est la plus belle chose que l'on sâche faire. Je t'aime mon amour et tu le sais Sandy.  La jolie rose que tu es ne fanera pas, tant que la rivière de mon désir pour toi irriguera notre jardin secret, mon amour et mon désir pour toi. Mon amour est immortel, j 'ai accepté nos différences.  Il ne nous reste plus qu à apprendre à vivre avec les déserts, on les traversera, on ne baissera pas les bras. Je t'aime Sandy n'en doutes pas... que tes rêves te transportent vers notre paradis...Peu importe le poids de ta croix. Tu portes la mienne tu fais partie de ma vie.  Il n'y a pas de bonheur sans toi. On profite de notre paradis comme on peut. Nos chemins se sont croisés et Dieu sait combien j'ai peur de te perdre. Ton ti coeur est là et il te laissera pas je te le promets. Je t'aime et ma vie ne sera fera pas sans toi. Fais moi confiance et laisse toi guider par mon amour, par nos souffrances, main dans la main on franchit des montagnes. Laisse moi te montrer que malgré nos trente ans de différence on s'en sortira, on sera heureux. Accroche toi à moi, je peux pas te perdre, j'ai un projet d'avenir avec toi, ti Coeur deviendra grand et tu seras heureuse crois moi mon arc en ciel. On s'en sortira. baisser les bras sont des mots que l'on ne connait pas.  Tu me dis que je parle comme un livre ça me blesse. C'est juste mon coeur qui souffre mais qui s'accroche à toi. Je sais que je ne te perdrai pas quoi qu'il arrive. Tu es avec moi dans tous les moments tu me suis comme mon ombre le soir tu t'endors avec moi le matin, tu te réveilles près de moi, tu souffres je sais mais il est trop tard pour reculer mon amour, te perdre me serait fatal.
    On a un bonheur à vivre ensemble allons le chercher ! ma rose ne fanera pas tant qu'elle sera dans mon jardin secret. Tes sentiments sont immortels comme les miens alors laisse moi t'emmener au delà du ciel dans notre paradis à nous deux..."  
    Ce que Samuel m'écrit me tire les larmes. Je suis là seule chez moi une vie sentimentale désertique, un mari quasi absent... avec qui je ne partage rien... qui me laisse assumer seule la maison, les problèmes... tout... et lui.. qui m'offre tout ce qui me manque, tout ce dont j'ai toujours rêvé...  Tous ces messages passionnés qu'il m'envoie, oui je veux y croire, il est mon soleil je l'aime si fort...  j'aime sa façon de me regarder, ses manières tendres pour me toucher, cette entente parfaite que l'on connait, cette complicité... je l'aime je crois... comme je n'ai jamais aimé..."
     
    Alicia est malade. Elle fait une néphrite une infection du rein. Quinze jours à la maison. Elle semble guéri mais bizarrement impossible de la faire lever et retourner en cours. Plusieurs fois elle me promet, pour le lendemain ou le lundi suivant... pour enfin me cracher la vérité en pleine face. "Je ne veux plus y aller maman... je me fais harceler"... le monde s'écroule...
     
    Alicia a toujours été amicale, joyeuse et très souriante, mais jamais extravertie. Toujours discrète en classe elle ne parle pas beaucoup en cours. Alicia a toujours eu trois bonnes vraies amies et le reste c'était juste des potes. Elle s'est toujours sentis bien dans sa peau. Elle n'était pas maigre, mais pas grosse non plus.  
    Elle n'avait pas confiance en elle comme ses amies. Elle avait du mal à répondre et à faire face aux autres. Elle était prometteuse d'après ses professeurs. Elle était  agréable et discrète d'après la direction, une fille géniale d'après ses amis. 
    Alicia était tout ça et une poignée de petits cons l'ont détruite. Ils l'ont brisée et je ne sais pas encore tout ce qui m'attend pour réussir à la sortir de là.  Je lui demande de me raconter ce qui se passe au collège.
     
    "J'ai fait la rentrée maman mais je suis dans une sale troisième, quelle classe de merde ! Je n'ai que deux trois amis dans la classe, mais je m'en fais rapidement des nouveaux. Des garçons bien sûr ! Je n'ai jamais été proche des filles. Je me sens déjà mal dans cette classe, que des cancres, des personnes que je n'aime pas, avec qui je n'ai aucun délire, aucun point commun. Juste 5 personnes relèvent à peu près la barre. Ma meilleure amie Lou n'est pas avec moi, elle a de la chance elle, elle est dans une super classe.  Septembre s'est passé pas trop mal et Octobre commence. Avec  Mathieu un ami on entend une rumeur idiote sur une fille de notre classe. Nous en rigolons ensemble sur un banc. 
    Milieu du mois, un garçon arrive, grand, les cheveux blond foncé court. des yeux bleu givre... Jérôme...  Il est beau. Il me parle. Il me demande de le rejoindre à la fin des cours derrière le collège, j'accepte sans hésitation. On s'embrasse, il me dit qu'il m'aime. Je suis tellement flattée. Tellement heureuse ! Je suis pas si moche que ça finalement. Je suis même plutôt jolie si Lui me trouve jolie. Et brutalement plus de nouvelle. Il ne me parle plus... Il m'évite... J'essaie de lui parler, de comprendre son revirement. Une fille de la classe vient me parler, me dit d'arrêter de le harceler. Je lui réponds que c'est faux et lui raconte ma version des faits.  Elle me croit. Il a soit disant agi pareillement avec elle. Je suis heureuse de partager cela avec quelqu'un. 
    Emma, une fille à qui je n'ai jamais parlé vient me voir.  Elle me demande si ça va,  elle s'interroge : pourquoi la moitié de la classe me jette des regards noirs. Je lui explique. Elle est sous le choc. J'apprendrai que c'est une faux cul aussi.
    Fin octobre. Tout bascule. Les rumeurs se multiplient, tout et n'importe quoi... comme quoi je couche avec tout le monde... que je suis une saloppe...Je garde pourtant la tête haute. Je ne fais pas attention. Je me dis que ça va se calmer.
    Début novembre. Emma à qui je m'étais confiée sans vraiment la connaitre mais parce que j'étais seule et si mal, a raconté encore plus de faux ragots sur moi et là.. Tout par en couille.
    Tous mes amis que je croyais sincères me tournent le dos. << Non mais faut comprendre je peux pas traîner avec une fille qu'on traite de pute. >>
    << Je te croyais pas comme ça. >>
    << T'as changé. >>
    J'ai mal. Plus que trois ou quatre personnes "osent" rester avec moi. Ils sont traités à la même enseigne que moi. Mais ils s'en fiche.
    J'arrive en cours. Papier sur la table, j'ouvre : Salope.
    Papier sur la table, j'ouvre : Sale pute.
    Papier sur la table, je tremble, j'ouvre : Sale chienne !
    Papier sur la table, les larmes me monte aux yeux, j'ouvre : Suicide toi.
    Papier sur la table, une larme roule sur ma joue, j'ouvre : Vas te pendre. 
    Je déchire tous les papiers. Essaie de respirer correctement... J'angoisse. Je veux sortir. L'un des seuls amis que j'ai encore dans la classe voit que je vais mal. << Madame, je crois qu'Alicia ne se sent pas bien, je peux l'emmener à l'infirmerie ? >> Elle accepte. Je prends les papiers et les mets à la poubelle en sortant et on descend. Il me demande ce que j'ai. J'arrive pas à articuler et m'assois dans les escaliers. Je pleure comme jamais je n'ai pleuré.  Là j'en peux plus. Pourquoi ? Pourquoi tant de haine ?
     
    La semaine suivante.  << Hey ! Hey ! R'tourne toi ! Hey ! Hey ! >> Je ne veux pas me retourner, je ne veux pas encore entendre une insulte. Ils m'énervent. Mon ami se retourne à ma place pour le faire taire car il sait que si je me retourne je vais piquer une crise de nerf.
     << Ferme là. 
    - Dis lui que c'est une belle pute ! >>
    Je resserre mon stylo. Je vais pas tenir le coup.
    Tous me disent d'en parler, mais les représailles ? Je me fais bousculer dans les couloirs et traiter comme une pestiférée, ils veulent que je meurs, je ne veux pas en plus de ça me faire tabasser à la sortie des cours.
    Je n'ose même plus faire sport et supplie ma mère de me faire un mot pour me dispenser. Je vois l'énervement chez le prof. S'il savait. Deux filles sont dispensées elles aussi. Ces deux pestes qui m'ont mis dans la merde. Elles sont toutes deux assises au fond des gradins. Je m'assois au premier rang. Priant pour qu'elles me laissent tranquille.
     << Quelle pute quand même ! Et t as vu comment elle se fringue ? Pis elle est moche et elle croit vraiment qu'on la croira quand elle dit qu'il l a embrassée ? C'est une chienne.
    - Arrête, tu ne devrais pas dire ça dans son dos.. >>
    J'écarquille les yeux, du soutien ? Soudain... des pas, elles descendent ? Non il n'y en a qu'une. La peste.
    << Tu n'es qu'une salope, je n'ai que du mépris pour toi, tu t'habilles mal, tu es laide, tu es grosse comme une vache et j'espère bientôt ne plus voir ta sale gueule. >>
    Un sourire s'étend sur ses lèvres tandis qu'elle remonte les gradins fière d'elle. Je retiens mes larmes et mes insultes. Je deviens pâle comme la mort et cours au vestiaire en essayant d'éviter le regard du professeur."
     
    Je suis choquée et je vais trouver la cpe du Collège. Je prends rendez vous avec le directeur.  Nous y allons ensemble Alicia et moi. Bizarrement le direction fait passer un interrogatoire à Alicia on a l'impression qu'elle est la harceleuse. C'est elle la victime. Le directeur a une curieuse attitude. Il interroge Alicia en ma présence puis me demande de sortir. Ensuite il me reçoit seule. Il confond nos réponses. On se croirait au commissariat.
    Il accepte difficilement de changer Alicia de classe. Alicia ronge son frein et angoisse à l'idée de retourner en classe et dans quelle classe ? 3èA.. la classe de sa meilleure amie. Soulagement.
     
    Les amis d'Alicia ne la lâchent pas. Sa meilleure amie l'attend devant le portail tous les jours. Elle lui tient la main dans les couloirs pour la rassurer.  Elle la rassure. Elle veille sur elle. Quand elle est pas là, ce sont ses autres amis qui prennent le relais. Alicia peut compter sur eux et cela la soulage. Pourtant, elle va mal.
    Le directeur a changé Alicia de classe mais aucune sanction n' a été décidée pour punir les harceleurs les contrecarrer les punir. Rien. Ils sont là, au lycée. Et ça me dégoûte. 
     
    Samuel essaie de remonter le moral à Alicia. Il lui dit de se défendre, qu'il va aller coincer la meneuse de bande, la plus virulente. Mais au final ne fait rien. Alicia a peur des représailles.
     
    Alicia finit son année scolaire péniblement. Elle obtient son brevet. Quel soulagement. Elle m'assure que l'an prochain, tout ira bien. Elle change d'établissement. Elle a choisi l'esthétique, sa passion. Tout ira pour le mieux. Je doute un peu mais son assurance, son enthousiasme, finissent par me convaincre.
     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :